L’introduction en bourse

Chapitre 5 - Les développement de l'entreprise

La société LAW s’étant considérablement agrandie grâce à l’absorption de sociétés concurrentes ou complémentaires et grâce à son développement à l’International, elle connut son apogée avec l’Introduction en Bourse au second Marché de LILLE.

Au cours de la réception du 10 décembre 1986 à l’Eglise St-Pierre à Senlis, le président directeur général prononce un discours retraçant les grandes étapes et objectifs de LAW.

Allocution de Jean-Claude Garret :

Monsieur le Président du Conseil Régional,
Monsieur le Député – Maire de Senlis,
Monsieur le Sous-Préfet,
Messieurs les Présidents, Chers Collaborateurs, Anciens et Actionnaires LAW,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis,

Je me dois d’ouvrir la partie informative de cette réunion en vous remerciant d’être si nombreux à répondre ce soir à notre invitation. Je veux tout d’abord féliciter le quatuor Margand pour la qualité d’interprétation des oeuvres qui nous ont si agréablement accueillies dans cette magnifique Eglise St-Pierre.

Je tiens également à remercier le député maire de Senlis, notre ami Arthur Dehaine et ses adjoints d’avoir mis ce local à notre disposition.

Ce cadre prestigieux rend difficile ma tâche de vous intéresser en vous rappelant l’origine et l’évolution de notre Entreprise « LAW »

Plaçant cette manifestation sous le signe de la qualité, nous tenons à souligner qu’elle est pour LAW un passé, une longue tradition, une obligation pour le présent et pour le futur.

Essayons donc de retracer quelques étapes de cette histoire déjà longue :

Le créateur, tout d’abord : Louis-Adolphe Wisler (L – A – W), mon beau-père.
Ceux qui l’ont connu, encore nombreux ici, ont certainement été frapés par la personnalité de ce créateur infatigable, dynamique, consciencieux.
Toute sa vie a été guidée par le souci de perfection : respecter et bien servir ses clients d’abord, mais aussi tous ceux qui vivent pour et par l’entreprise : salariés, fournisseurs, agents commerciaux, ainsi que tous les partenaires de son activité.

Monsieur Wisler fut un vrai chef d’entreprise dans le sens le plus noble du terme.

D’abord un iventeur, il sut vite créer sa propre entreprise pour fabriquer et vendre les produits qu’il mettait au point. Arrivé à 22 ans à Paris de sa Suisse natale (Bienne, capitale de l’horlogerie) il possède un solide bagage d’électro-technique, et une expérience professionnelle acquise chez Brown-Bovery en Suisse et en Espagne. Il se lance seul dans une activité artisanale de Construction Electrique. Dès 1922, il fabrique à Paris ses premiers moto-réducteurs électriques transportables destinés à entraîner les diverses machines en service chez les agriculteurs, qui sont peu à peu raccordés aux résaux électriques naissants.

Aidé financièrement par un ami et y associant quelques membres de sa famille (il était le cadet de 8 frères et soeurs), il se lance tout à la fois dans la fabrication et la commercialisation de ses inventions. Rapidement trop à l’étroit à Paris, il songe à la décentralisation : en 1925, il loue un premier atelier à Senlis. Il y installe ses fabrications qui prennent de l’ampleur avec le développement du marché et du réseau commercial LAW. En 1928, il achète un terrain situé Route de Crépy (maintenant avenue du Général de Gaulle) et comportant deux pavillons jumaux. Il y construit un atelier de 1200 M2 où il rassemble rapidement toutes ses fabrications. Les bureaux s’installent dans les pavillons.

Abandonnant définitivement Paris, LAW devient senlisien (n’était-ce pas une première amorce d’un développement économique, relancé 40 ans plus tard, et si bien réussi, avec la Z.A.C.E.). Monsieur Wisler s’est progressivement entouré de quelques collaborateurs dont trois sont d’ailleurs Suisses comme lui : ses exigences et sa loyauté assurent à l’entreprise naissante une réputation de qualité et sont à l’origine d’une tradition qui continue à l’imprégner.

La crise des années 30 entraine une terrible réduction des recettes agricoles et une chute d’activité. M. Wisler réagit alors en sortant ses premiers Blocs électro agricoles combinés, création géniale pour l’époque : ils préfigurent à la ferme, pour les travaux divers de l’exploitation de polycultue et d’élevage, les combinés électro-ménagers qui n’apparurent que 10 à 15 ans plus tard.

A la veille de la guerre 39–45, la gamme LAW comprenait essentiellement :
Les Moto-réducteurs mobiles et portables à vitesses variables, destinés à entraîner les diverses machines existantes à la ferme.
Les Blocs combinés électro agricoles (machines polyvalentes : broyeurs à grains, pour pommes à cidre, coupe-racines, hacheurs de fourage, scie à bûches, etc… par simple changement d’outils ou de position du bloc-moteur).

Ces fabrications sont modestement poursuivies pendant la deuxième guerre mondiale. L’activité est toutefois très limitée par la pénurie des matières premières, qui persiste après la victoire de 45. Elle amène LAW à intégrer progressivement sa fabrication afin de ne pas trop dépendre de fournisseurs extérieurs : le moulage ALU (petite fonderie), le découpage des tôles moteurs, l’usinage de toutes les pièces, viennent compléter les activités initiales de mécanique et de bobinage.

Les années d’après-guerre sont celles d’un développement d’activité industrielle intense pour satisfaire la demande croissante du monde agricole. L’essort de LAW est malheureusement freiné par la maladie qui atteint son patron dès 1951 et l’incite à la prudence. L’inflation rapide et certaines évolutions sociales sont mal ressenties par son caractère très rigoureux. Il tient à conserver son indépendance sur tous les plans : industrielle, commerciale et financière.
Monsieur Wisler garde toutefois, malgré l’apparition de nombreux concurrents parfois moins soucieux de perfections, mais bon marché et agressifs, une position de leader de l’électro-agricole. Les ateliers tournent à plein jusqu’en 1952-1953 et les effectifs à Senlis dépassent 80 personnes. Une certaine récession en 1953 stope le développement.

Monsieur Wisler se bat, malgré sa maladie, pour relancer l’activité, mettant sur le marché des machines de plus en plus performantes.

Ayant fait un court essai malheureux de confier les responsabilités à un directeur embauché à l’extérieur, mon beau-père me convainc alors (avec l’aide persuasive de mon épouse) d’abandonner une carrière d’ingénieur dans l’équipement sidérurgique Lourd (je reviens alors d’un an de direction de chantier en Amérique du Sud) pour l’assister dans la direction et assurer l’Avenir de LAW.

Nous allons ainsi collaborer pendant 3 ans et demi. Mon beau-père est malheureusement trop souvent arrêté par la maladie. Je suis amené à prendre rapidement une grande partie des responsabilités, l’ayant convaincu avec l’aide de quelques collaborateurs, qu’il faut accepter la croissance, afin de ne pas laisser la part trop belle aux concurrents. Nous vivons une phase de développement rapide, grâce à l’extension du réseau commercial et à la généralisation de l’électrification rurale, grâce aussi à de nouveaux produits : machines électriques spécialisées pour la ferme : Broyeurs à Grains, Mixers pour Porcs, Hacheurs-Broyeurs, etc…

En 1958, les effectifs ont doublés (160 personnes) et le volume de production a triplé. L’Entreprise est prospère et l’équipement modernisé. Mon beau-père n’a malheureusement pas pu profiter de cet essort, car la maladie l’emporte alors prématurément.

Me trouvant amené à assumer la responsabilité principale, j’ai la chance d’hériter d’une équipe de collaborateurs et d’un personnel très dévoués et compétents, très rapidement complétée par l’arrivée de mon beau-frère Roger BARUT. Il assumera ainsi avec moi pendant plus de 25 ans la responsabilité du groupe industriel que nous développons à partir de LAW.,

Je ne m’étendrai guère sur la période 1958 à 1973 : ces années ont été marquées par une profonde évolution de nos games de produits, mais LAW reste complètement orienté vers l’équipement électrique de la ferme : les machines polyvalentes sont progressivement complétées, puis remplacées par des machines spécialisées de préparation des aliments à la ferme pour l’élevage, puis par une game d’appareils de conditionnement après récolte : Electro-Ventilateurs et Générateurs de séchage des fourages et des céréales, de conservation des légumes, etc…

Vers 1965-1966, LAW créé les premiers Séchoirs statiques à grains, puis vers 1970-1972, les premiers Séchoirs mobiles de ferme et premiers Séchoirs en continus pour gros céréaliers et coopératives.

L’effort commercial se développe en France et, progressivement, à travers l’Europe naissante. La conquête de nouveaux marchés en Allemagne, en Italie, puis en Grande Bretagne, nous oblige à nous confronter à une concurrence plus large, ce qui stimule l’évolution technique et la productivité.

Début 1973, une fusion/absorption (faisant suite à des accords de spécialisation), nous donne le contrôle de FERMATIC, firme complémentaire par ses games de produits, et en partie concurrente. Ceci permet des économies d’échelle et nous apporte une usine moderne à La Loupe, tout en renforçant notre activité dans la conservation des grains après récolte (stockage, manutention, Ventilation et séchage). Cette fusion entraine la création de SECEMIA, société industrielle qui gère l’activité des Usines, et de SOFILAFER, société financière et immobilière. C’est cette dernière société, devenue holding du groupe, qui a repris récemment l’appelation d’origine LAW. La marque n’a d’ailleurs jamais été abandonnée et c’est elle que notre clientèle connait et apprécie.

La période 1973-1974 voit un développement rapide de l’ensemble : une capacité industrielle suffisante avec les deux usines permet de faire face à une demande française et étrangère importante.

Malheureusement début 1975 : le premier choc pétrolier provoque une crise brutale, la première très sérieuse depuis la guerre. Les ventes sur le marché français de certaines de nos spécialités s’effondrent en 2 ans de 25 à 80 %, car deux années de sécheresse ont réduit les récoltes et contribué à arrêter les investissements. Certains de nos concurrents sont acculés au dépôt de bilan.

Nous réagissons grâce à une situation financière et industrielle saine, à la qualité de notre personnel, à nos implantations déjà solides à l’étranger par nos filiales. Nous reprenons des activités complémentaires ou concurrentes. Nous décidons alors de rechercher systématiquement un développement dans l’équipement agro-industriel, cela à partir de techniques développées pour la ferme et d’un outil de production efficace. Nous estimions en effet qu’une part de plus en plus importante des investissements d’équipements pour la conservation et le traîtement après récolte se font au niveau des coopératives, négociants, industrie de la transformation du grain. C’est un marché mondial plus important et prometteur que celui de l’équipement aAgricole proprement dit. Il conditionne et draine une part grandissante de la valeur ajoutée des produits agricoles et de leur commerce internationnal.

C’est cette nouvelle politique suivie depuis 10 ans avec acharnement qui nous a permis de nous développer alors que d’autres sociétés s’arrêtaient. Depuis 10 ans, nous avons changé de métier et créé progressivement une nouvelle entreprise plus légère et décentralisée.

Nos principaux produits ont profondément évolué. Nos chefs de produits et les bureaux d’études sont à l’écoute des besoins permanents des clients. Ces produits font appel aux derniers progrès de l’électronique, de l’aérolique, de la thermique, et à l’utilisationn des matériaux et composants les plus performants par leur construction modulaire et normalisée.

S’y sont ajoutés les apports de quelques confrères repris ou disparus : M.Edmond Brillaud, Directeur de la société centenaire Emile Marot à Niort, nous a apporté les techniques de triage les plus sophistiquées qui font du TRIEUR MAROT le Leader mondial de cette spécialité.

Ils s’adressent aux agriculteurs et éleveurs de l’an 2000 (c’est à dire les plus performants aujourd’hui et, de plus en plus, à l’agro-industrie (coopératives et négociants en céréales, industrie de la semence ou de la transformation des céréales, accouveurs et sélectionneurs, etc.).

Nos capacités de conseils techniques, de vente, d’installation et de service après-vente ont été développées pour :
– servir les agriculteurs et les éleveurs avec l’aide de concessionnaires installateurs spécialisés dans toutes les régions ;
– servir l’agro-industrie en France et dans le monde grace au réseau de filiales ou sociétés associées spécialisées (dont certaines issues d’entreprises absorbées).

Elles sont aujourd’hui 5 en France et 6 hors de France, complétant les 2 unités industrielles de Senlis (Secemia) et de La Loupe, qui conçoivent et développent les games de produits standards. Elles sont relayées par le réseau de prospection et d’agents Law International pour la grande exportation et l’Antenne Law Denis Export, basée en Angleterre pour certains pays anglophones d’Afrique et du Sud-Est Asiatique.

Nos capacités de production et notre gestion industrielle, financière et budgetaire, très informatisée et décentralisée, sont probablement sans équivalent au niveau international dans nos activités.

Cette évolution rapide, mais toujours prudente, à laquelle les années de crise nous ont obligés, a, seule, permis d’éviter licenciements massifs et catastrophes financières : elle n’a pas toujours été comprise par nos partenaires, car cela a donné des résultats financiers consolidés médiocres – les marges substantielles réalisées en permanence sur certaines activités, ainsi qu’à l’étranger dans certaines filiales, ont été absorbées par les charges considérables liées à certains ajustements et abandons d’activités non rentables ou sans avenir.

Depuis 1985, l’essentiel de cette mutation est achevée. Nous sommes en phase de consolidation : la croissance de la rentabilité nette est un objectif majeur compris par tous. Chaque directeur de Filiale, disposant d’effectifs permanents allégés et compétents, agit en vrai chef d’entreprise dans le cadre de la politique d’ensemble LAW. Il assure la rentabilité propre de son unité et la suit grâce à des tableaux de bord mensuels comparant prévisions et réalisations dans tous ses domaines de responsabilités. En cas d’écart important, il est alerté très vite, ainsi que la direction du Groupe, qui peut ajuster les programmes et procéder aux arbitrages indispensables.

LAW n’est plus l’entreprise d’un homme, mais d’une équipe de direction, animant elle-même des équipes responsables à tous les niveaux et dans chaque filiales. On ne dira jamais assez qu’avec la diversité de nos clientèles, l’évolution rapide et la complexité de nos produits : responsabilité et compétence sont partout indispensables !

Pour terminer, je rappelerai les caractéristiques essentielles du Groupe LAW, tel qu’il est aujourd’hui :

Au service de ses clients d’abord (Ils sont sa raison d’être) ; par ses produits et le soin porté à leur évolution, à leur perfectionnement,à leur service ; par le souci permanent d’être à leur écoute à tous niveaux, et partout dans le monde.

Soucieux de collaborer étroitement avec ses fournisseurs, ses banquiers, ses partenaires professionnels, dans le cadre de relations confiantes.

Reconnaissant des efforts faits par les uns et les autres dans certaines périodes difficiles.

Conscient de l’importance des relations responsables et confiantes avec tous les salariés

Respect des individus et recherche permanente de leur épanouissement.

Relations étroites entre la hiérarchie de chaque unité et les représentants élus : plus de 60 ans d’activités se sont passés chez LAW sans que jamais un conflit ait dégénéré en épreuve de force. Tout a toujours été traité par concertation : la négociation d’accords contractuels et leur révision périodique a été et sera la règle.

Le développement de l’actionnariat et de l’intéressement du personnel, déjà fortement amorcé, contribuera à la meilleur information et compréhension par tous des objectifs fixés, et à une répartition équitable des ressources dégagées grâce aux progrès réalisés.

Fier de la progression de son activité (+ 4% sur l’ensemble en 1986, après 22% en 1985 et + 60% à l’exportation).

Responsable enfin d’assurer à ses actionnaires une information rapide et complète, une rémunération et une valorisation en rapport avec le développement prévu de ses activités et de sa rentabilité.

Les Actionnaires actuels, tant du groupe familial fondateur, que leurs principaux partenaires minoritaires (Denis et Leroy-Sommer, ainsi que les organismes institutionnels qui nous ont aidés il y a 3 ans à racheter une minorité et à renforcer le capital) ne souhaitent pas se dégager par l’introduction en Bourse : ils recherchent l’élargissement des Fonds Propres. Ils vont laisser en compte et réinvestir en 1987, dans une nouvelle augmentation de capital les produits des actions vendues. Ils entendent ainsi contribuer à un sensible renforcement financier et à l’allègement des besoins de trésorerie. Cela leur permet d’aider l’équipe de direction et tout le personnel à réaliser ces objectifs d’accroissement de rentabilité et de développement international pour lesquels nous leur faisons totale confiance

Merci à tous ceux qui ont fait de LAW ce qu’il est aujourd’hui et tout spécialement aux collaborateurs et partenaires avec qui j’ai travaillé depuis 30 ans à l’évolution et au développement de cette belle entreprise.

Merci enfin à ceux qui assurent aujourd’hui la tâche de poursuivre une évolution et un développement international qui implique une remise en cause et un progrès permanent.

LAW est bien armé pour réussir dans un monde économique difficile et exigeant.

Jean-Claude GARRET

jcg